Dhanaraj Kheokao : Ce que TikTok change pour le futur du journalisme en Asie

Chercheur thaïlandais, Dhanaraj Kheokao a dévoilé les raisons derrière l’usage grandissant de TikTok en Asie du Sud.

Par Lise GUILLEMIN – English version here

© Bilge KOTAN

Alors que l’Indonésie, le Vietnam, les Philippines et la Thaïlande comptent parmi les 10 pays dont les utilisateurs sont les plus actifs sur TikTok, pourquoi le réseau social chinois est-il si populaire parmi les pays d’Asie du Sud ? C’est ce qu’a tenté d’expliquer Dhanaraj Kheokao, avocat et chercheur, responsable de l’étude menée par l’Asian Network for Public Opinion Research (ANPOR) sur le sujet.

Pour le chercheur, la démographie des pays sud-asiatiques, avec une population jeune, joue pour beaucoup : 70% des utilisateurs de TikTok en Asie du Sud font ainsi partie des générations Z et Y. 

TikTok offre également un espace de libre expression dans des pays qui, souvent, subissent le joug de gouvernements autoritaires. Le réseau social chinois permettrait de contourner la censure, dans un format ludique et pratique permis par la forme de l’application elle-même. 

Sa facilité d’utilisation et sa rapidité en font également un outil idéal pour patienter dans les transports en commun. «Les populations sud-asiatiques passent beaucoup de temps dans les transports en commun, en particulier dans le bus», explique Dhanaraj Kheoka, «et dans les embouteillages, les gens préfèrent regarder leur téléphone plutôt que de lire». Avec des vidéos qui ne durent parfois qu’une dizaine de secondes, TikTok serait plus adapté que d‘autres réseaux sociaux comme YouTube ou Facebook.

Conséquence pour les médias de ces pays, et en particuliers thailandais: «Tous les organes de presse thailandais possèdent un compte officiel, et l’utilisent de manière active» assure Dhanaraj Kheoka. Les chaînes télévisées retransmettent sur TikTok Live et les rédactions essayent de s’adapter à ces nouveaux formats, en optant pour des titres plus courts par exemple.

«Consommer de l’information, c’est comme consommer de la nourriture», affirme Dhanaraj Kheoka. «Quand on découvre un plat, on le goûte en petite quantité, et si on aime, on en reprend.»

Le chercheur voit en TikTok une « mise en bouche » pour les jeunes générations. «Que ce soit pour le divertissement ou pour l’information, si un sujet suscite l’intérêt sur Tiktok, alors on ira l’approfondir sur d’autres plateformes comme YouTube ou en se renseignant sur Google.»