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Chris Stokel-Walker
Journaliste depuis dix ans, Chris Stokel-Walker s’impose ces dernières années comme un des spécialistes des réseaux sociaux et des nouveaux moyens de communiquer l’information. Originaire de Newcastle en Angleterre, il est d’ailleurs diplômé de l’Université de Newcastle. Pendant ses études, il s’essaye déjà à la communication en créant une campagne de publicité. Outre une première expérience, elle lui permet de nouer des liens avec des médias du locaux et nationaux dans le nord-est de l’Angleterre. D’abord attiré par le secteur de la communication et de la publicité, il commence sa carrière en tant que copywriter et responsable des relations publiques indépendant. Il élargit ensuite ses compétences en travaillant pour un festival de musique, un guide de voyage et devient finalement consultant pour différentes entreprises et start-up européennes.
De journaliste indépendant au spécialiste du monde digital
En 2012, il commence une nouvelle carrière : journaliste. Fort des connaissances nouées au fil des années, Chris Stokel-Walker se lance en freelance. Une entreprise réussie puisqu’il pige pour The Times, The Sunday Times, The Economist, Bloomberg, WIRED UK, The Guardian, The Daily Telegraph, BBC News, BuzzFeed News. Aussi à l’aise dans le traitement de l’actualité que dans les articles spécialisés, il s’impose dans un domaine : la culture digitale. A ce titre, il intervient également dans des émissions que ce soit à la radio ou à la télévision. On a pu l’entendre dans « The Media Show » sur BBC Radio 4, sur Times Radio, LBC et sur les ondes américaines de l’ABC radio. Il s’essaye aussi à la présentation avec le documentaire « Everyone’s A Star » de Radio 4. A la télévision, il est un chroniqueur fréquent de BBC News, Sky News et TRT World. Parallèlement, il écrit deux livres, qui confirment son statut d’expert du monde digitale. En 2019, il raconte dans Youtubers (Cantubery Press), comment cette plateforme a devancé ou du moins égalé la télévision dans son impact culturel, créant de fait après une génération d’enfants de la télé, celle des enfants de Youtube. Dans TikTok Boom (Cantubery Press) en 2021, Chris Stokel-Walker s’attaque cette fois à un OVNI de la scène digitale : TikTok.
TikTok n’est pas l’ennemi
Plus précisément, Tiktok Boom propose un éclairage sur ce qu’est ce réseau social, nouvellement arrivé sur la scène et qui redéfinit les règles. Parce que c’est une entreprise chinoise qui fait concurrence aux américaines de la Silicon Valley, ce réseau social est aussi un objet géopolitique étonnant et unique en son genre. Chris Stoker-Walker montre également que cette application pourrait donner une nouvelle direction aux futures. Que ce soit en terme de formats (ces vidéos courtes « scrollables » à l’infini) ou de politique de confidentialité, Tiktok permet de poser un débat à propos de l’avenir des entreprises de la technologie. Lui-même adepte de l’application, Chris Stoker-Walker l’utilise pour promouvoir ses activités, mais aussi pour faire passer l’information. #NPDJ
Écrit par : Pauline Boudier
Nic Newman
Nic Newman est un journaliste britannique et un associé de recherche à l’Université d’Oxford et à l’Institut Reuters pour l’étude du Journalisme.
Il est spécialisé dans la stratégie numérique et possède une solide expérience dans ce domaine.
Par exemple, il a participé à la création du site Web de la BBC News en 1997. À l’époque, Nic Newman était à la tête de la couverture internationale. Au sein de la BBC, il a également été chef du développement des produits de 2001 à 2007, mettant en place les podcasts et les blogs de la chaîne. Il a ensuite dirigé les équipes numériques de 2007 à 2010, façonnant la stratégie de la BBC sur les réseaux sociaux et développant des sites web pour BBC News, Sport, Weather et Local.
Les recherches de Nic Newman portent notamment sur les questions de polarisation, les jeunes et les médias, la monétisation du contenu journalistique, l’attention du public sur les réseaux sociaux et la manière dont la technologie affecte la pratique du journalisme.
Nic Newman est l’auteur d’un rapport annuel sur le journalisme numérique qui présente les principales tendances en matière de médias et de technologie, afin d’aider les journalistes à s’adapter à cette nouvelle ère digitale. 246 professionnels des médias ont été interrogés pour produire le rapport 2022.
L’étude confirme le choix fait par de nombreuses rédactions d’investir davantage dans la création de podcasts ainsi que de contenus spécifiquement réalisés pour les plateformes majoritairement utilisées par les jeunes : Tik Tok et Instagram. Comme écrit dans le rapport, « la vidéo de format court a été revitalisée par la créativité et la croissance dynamique de TikTok. » La plateforme touche plus d’un milliard de personnes principalement âgées de moins de 35 ans. Cependant, Nic Newman pointe que Tik Tok peut rester une plateforme compliquée à naviguer pour les journalistes à l’heure actuelle : plus de contenu d’actualité circulant sur Tik Tok est également susceptible de signifier plus de fake news et de désinformation.
Concernant le modèle économique, plus de ¾ des répondants à l’enquête parient sur les abonnements numériques comme principale source de revenus, devant les publicités. Pourtant, environ la moitié d’entre eux craignent que cela ne change la catégorie de lecteurs qu’ils ont, attirant principalement des abonnés issus de milieux plus riches et plus éduqués.
Écrit par : Luna Perez
Francesco Zaffarano
Francesco Zaffarano a basé sa carrière de journaliste sur le développement des médias dans les différents réseaux sociaux ce qui lui a valu de nombreuses recommandations sur LinkedIn. Ce journaliste italien a d’abord entamé des études en philosophie à Milan où il obtient une licence, avant de s’envoler pour Londres, où il continu ses études avec un master en Journalisme interactif à la City, University of London. Il complète cette formation avec des qualifications liées au monde digital. Au Centre européen du Journalisme (CEJ), en 2014, il suit le module « Doing Journalism with Data : First Steps, Skills and Tools » et en 2018 « Building Bots for Journalism », à l’Université d’Austin, au Texas (USA).
Une carrière dédiée aux réseaux sociaux
Il commence sa carrière en tant qu’assistant vidéo producteur pour un documentaire du média VICE, diffusé sur la plateforme italienne. Il entre en septembre 2014 au quotidien turinois La Stampa, où il pige des articles principalement sur des sujets technologiques et reliés à Internet. Il écrit également des articles de fact checking. Il est ensuite affecté au service Réseau sociaux où il est responsable de l’édition des réseaux sociaux du journal. Il reprend ces fonctions pour de divers médias et entreprises, parmi eux The Economist ou encore The Telegraph. Il a développé les stratégies Instagram de ces deux journaux, dans le premier en utilisant les stories, dans le second sur l’application en entière. Pour les journaux italiens la Repubblica et L’Espresso, il produit de longs articles interactifs sur le web. Enfin, il est à la tête de la production d’une série de vidéo sur Facebook pour Repubblica TV.
Comment les petits médias utilisent-ils Tiktok?
En 2020, il est nommé rédacteur en chef de Will Media, un média cette fois totalement sur Internet et non plus seulement une version web d’un média de presse écrite. Ce média italien est particulièrement intéressant puisqu’il a décidé de diffuser son contenu sur toutes les plateformes possibles. Ce n’est plus le média en tant que format qui est vecteur d’informations, mais bien le contenu qui rassemble. Chaque format est adapté et adaptable à la plateforme mais le contenu, la signature reste elle sensiblement la même. Ainsi, le compte Tiktok de Will Media compte 247 400 abonnés et présente des thèmes d’actualité avec des angles qui n’ont pas peur d’aller dans le politique. Il est en ce moment question des enjeux politiques de la Coupe du Monde de Football au Qatar. Aujourd’hui, Francesco Zaffaranno a entamé une nouvelle aventure : il est éditeur des audiences à Devex. Cette plateforme met en relations et informe des professionnels sur des sujets avec enjeux tels que la santé ou l’environnement. Il recense également tous les médias qui ont un compte sur TikTok « afin de créer un annuaire et de comprendre comment utiliser la plateforme pour le journalisme. » Il en recense pour l’instant 372.
Écrit par : Pauline Boudier
Valeria Shashenok
Valeria Shashenok, Ukrainienne de 21 ans et habitante de Tchernihiv, cumule 1,3 millions de followers sur Tik Tok. Le réseau social est devenu son carnet de bord numérique dans lequel elle documente la guerre en Ukraine et raconte son quotidien sur un ton léger et ironique.
Onze jours après le début de l’envahissement de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, Valeria Shashenok postait une vidéo Tik Tok avec ces mots : “Tout le monde la regarde, mais elle regarde la guerre”. “Elle”, c’est Valeria, une photographe de 21 ans résidant à Tchernihiv, ville du nord de l’Ukraine située à environ 60 km de la frontière biélorusse. Pour illustrer le conflit armé, la jeune ukrainienne utilise dans sa vidéo des images de rues délaissées et de bâtiments en ruine aux vitres soufflées. C’est son quotidien et elle le publie régulièrement sur le réseau social.
Cette fenêtre ouverte sur la réalité de la guerre en Ukraine est rendue moins dure à regarder grâce au format Tik Tok. Les vidéos postées sur la plateforme se veulent ludiques. Musiques populaires et trend (des chorégraphies ou des musiques qui connaissent un succès viral sur le réseau social) rendent les contenus amusants. Valeria s’en sert pour appuyer son ton ironique et décalé. Dans une vidéo, elle nous fait faire le tour de son bunker sous-terrain et nous accueille avec ces mots : « Bienvenue dans mon hôtel 5 étoiles”. Elle y compare une bassine d’eau à un jacuzzi, ses toilettes à un coin bouquinage et les mets concoctés par sa mère, une cuisinière, à des plats dignes de figurer dans le guide Michelin.
Ce sens de l’autodérision illustre aussi la résilience et le pragmatisme de cette photographe. Elle expliquait à BFM TV, début mars : “Beaucoup de gens pleurent ici. Si je pleure aussi, qu’est-ce que ça va changer ? Rien.” Si Valeria Shashenok utilise aujourd’hui Tik Tok comme un outil d’information, avant le début de la guerre en Ukraine, elle s’en servait plus pour poster du contenu “life style”. Ses publications comptaient en moyenne des dizaines de milliers de vues. En documentant sa vie sous les bombes et en utilisant des sous-titres en anglais, Valeria frôle régulièrement le million viewers. Son Tik Tok le plus regardé cumule 51,3 millions.
Un succès qui ne lui fait pas oublier que la guerre est toujours là. “Les gens doivent chérir la liberté, affirmait-elle à CNN. C’est la chose la plus importante que nous ayons. Chaque jour, je vis avec l’espoir que demain la guerre se terminera… mais tout empire”. Cela ne lui empêche pas d’avoir des projets. Si la guerre prend fin, Valeria souhaite partir étudier aux Etats-Unis pour devenir journaliste.
Écrit par : Romain Bitot
Sophia Smith Galer
Sophia Smith Galer est une journaliste multi-primée. Auteure et créatrice sur TikTok, elle vit à Londres, et compte plus de 450 000 followers à travers le monde. Ses vidéos ont été vues plus de 130 millions de fois.
Sophia a commencé sa carrière à la BBC, comme productrice dans le domaine des réseaux sociaux. Elle s’est ensuite illustrée en tant que reporter spécialiste des questions religieuses pour les médias BBC World Service, BBC Radio 4 et BBC World News. Elle s’intéresse notamment aux enjeux contemporains complexes de la foi.
Son utilisation innovante de TikTok, un outil de collecte et de partage de l’information, l’a fait gagner en notoriété. Elle a remporté le prix “Innovation of the Year” aux British Journalism Awards, ainsi qu’une place sur la liste des 30 personnalités de moins de 30 ans du magazine Forbes. En juillet 2022, Vogue fait figurer son nom au sein de la liste des 25 femmes les plus influentes de Grande-Bretagne de l’année 2022.
Aujourd’hui, Sophia Smith Galer est journaliste reporter pour Vice World News et couvre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Elle est l’auteure de l’ouvrage Losing It: Sex Education for the 21st Century, publié chez Harper Collins en 2022. Elle y aborde les violences sexistes, l’environnement, ou encore les droits liés à la reproduction.
Écrit par : Théo Kaissaris
Garance Pardigon
Diplômée de l’ESJ Lille en 2014, spécialité télévision, Garance Pardigon entre chez TF1 dans la foulée dans le bureau de Metz (Moselle). Après trois ans de correspondance dans le Grand-Est, elle rejoint la rédaction nationale à Paris d’abord dans la rubrique conso jusqu’en 2019 puis la rubrique environnement.
La pandémie de covid-19 à partir de mars 2020 marque un tournant dans sa carrière et dans son exercice du journalisme. Elle commence par répondre aux questions des téléspectateurs tous les soirs en plateau dans le 20h de Gilles Bouleau. Elle va participer au développement d’un QR Code pour faciliter l’échange avec le public et leur permettre d’enregistrer et d’envoyer leur question en format vidéo.
En parallèle, Garance Pardigon se lance sur TikTok et en rigole « J’y fais ma crise de la trentaine ! » Une expérience professionnelle néanmoins constructive, d’abord en solitaire, avant d’en parler à la rédaction et de recevoir des missions d’animation de la part de TF1, notamment pour des directs sur TikTok lors de l’élection présidentielle de 2022. Un exercice qui lui plaît, pour elle « les réseaux sociaux permettent de bousculer les codes » non seulement dans le traitement de l’information et le regard apporté, mais aussi sur le public visé, Garance Pardigon évoque notamment les primovotants et les abstentionnistes qui peuplent la plateforme TikTok.
Elle compte aujourd’hui plus de 170 000 abonnés et cumule 2,7 millions de « J’aime » sur son compte.
Écrit par : Théo Kaissaris
Dhanaraj Kheokao
Dhanaraj Kheokao est professeur de droit à l’université de Potsdam. Il a également enseigné à Mannheim, après plusieurs années de pratique du droit en Thaïlande, à Bangkok.
Il est l’auteur de la page consacrée à la Thaïlande du Digital News Report. Il y décrit l’importance installée de la télévision dans la culture médiatique de masse thaïlandaise, alors que la presse écrite se digitalise et abandonne parfois l’impression papier. Il met en relation cette pression de la presse à se digitaliser, souvent pour des raisons économiques, et les pratiques de la population thaïlandaise qui se tourne vers les réseaux sociaux pour s’informer. Ainsi, 55% des personnes qu’il a interrogées suivent l’actualité sur YouTube. Ces transformations sont en partie dûes, selon lui, à la pandémie qui a poussé les Thaïlandais à utiliser plus intensivement leurs téléphones.
Quelles sont les conséquences de ces nouvelles pratiques des citoyens ? C’est ce que Dhanaraj Kheokao investigue dans la seconde partie de son article, et ce dont il parlera lors de la journée des Nouvelles Pratiques du Journalisme à Sciences Po. De petites histoires sensationnalistes, comme la mort douteuse d’une actrice thaïlandaise, font le buzz et déferlent sur les réseaux, prenant parfois plus de place que des événements d’intérêt public comme la pandémie. Les citoyens thaïlandais mènent ensuite leur propre enquête pour satisfaire l’appétit du public numérique, brouillant la piste entre information vérifiée et fake news. Il conclue avec une courte analyse de Tik tok : « Les nouvelles sur TikTok ont tendance à se concentrer sur un contenu plus léger, basé sur le divertissement, et ne sont souvent pas considérées comme fiables. »
Écrit par : Marie Ramaugé
Brandi Geurking
Brandi Geurkink est chargée de campagne chez Mozilla, où elle défend “les valeurs d’un web accessible, sûr et privé.”
Diplômée de l’université américaine de Winthrop, elle a étudié les sciences politiques, portant un intérêt toujours marqué pour les droits humains. Elle a notamment travaillé autour des problématiques du racisme et s’est investie dans diverses associations tournées vers le milieu des sciences politiques.
Avant de poser ses valises à Berlin en 2019, elle a organisé plusieurs campagnes au services de divers mouvements de lutte anti-raciste et de justice sociale. Elle a notamment travaillé à la World Wide Web foundation en lançant la première campagne de sensibilisation du public pour le “Contract for the web”, une initiative destinée à lutter contre les éléments susceptibles de polluer l’utilisation d’internet : manipulation politique, fake news, violations de la vie privée, etc.
Toujours dans cette optique, elle vit aujourd’hui en Allemagne où elle dirige les opérations de campagne de Mozilla afin de faire pression sur les décideurs politiques et les entreprises.
Elle s’intéresse notamment à TikTok, le deuxième plus grand réseau social mondial avec près de 2 milliards d’utilisateurs. Elle défend entre autres l’instauration d’une politique de transparence au sein de ce gigantesque outil de communication.
Écrit par : Camille Auchère
Karen K. Ho
Karen K. Ho est une journaliste de presse écrite qui dédie son travail aux sujets économiques, culturels et médiatiques. Elle travaille actuellement à New York pour Artnews.
Elle étudie le journalisme à l’université de Columbia et obtient son Master de l’École de journalisme de Columbia avec une spécialisation en économie.
Elle débute sa carrière chez Quartz et Insider pour couvrir les sujets de finance et business avant de devenir indépendante. pendant plusieurs années, elle publie dans divers journaux et magazines parmi lesquels : GQ, NBC News, The New York Times, TIME, The Outline, The National Post, The Globe et Mail. Elle est depuis octobre 2022 rédactrice chez Artnews, une revue d’art américaine. Elle a été nommée deux fois au National Magazine Award, décerné chaque année pour « récompenser l’excellence éditoriale des magazines et encourager la vitalité de leurs contenus ».
Ses intérêts recouvrent le journalisme de data, les nouveaux langages et les marchés émergents. Au regard de son parcours à l’intersection des médias et de la culture, elle exposera lors de la journée des Nouvelles Pratiques du Journalisme à Sciences Po comment l’algorithme Tik tok favorise les réactions émotionnelles.
Le compte twitter « Doomscrolling Reminder Bot » dont elle est la créatrice est un aperçu de son regard sur notre relation aux réseaux sociaux. Ce bot (personnifié par une grenouille de Matsumoto Hoji) produit des posts » qui vous disent de boire de l’eau, s’asseoir droit, et arrêter de scroller les yeux dans le vide. »
Écrit par : Marie Ramaugé
Guillaume Chaslot
Guillaume Chaslot est aujourd’hui expert scientifique sur l’Intelligence artificielle et la Datascience au PEReN, le « pôle d’expertise de la régulation numérique» créé par le gouvernement français en 2020. Une nouvelle étape dans la carrière de l’ingénieur, qui, avant de travailler à la régulation des plateformes utilisant des algorithmes, en était lui-même à l’origine.
Titulaire d’un doctorat en sciences de l’informatique, Guillaume Chaslot est un spécialiste de l’intelligence artificielle et des algorithmes de recommandation. Après un court passage chez Microsoft, il commence sa carrière en Californie chez Google. Il travaille alors à l’amélioration des algorithmes de la plateforme de vidéo YouTube. Guillaume Chaslot passe trois ans sur l’amélioration du système de recommandation. À l’âge d’or du développement des réseaux sociaux aux États-Unis, il se rend pourtant vite compte que l’algorithme engendre un effet « bulle de filtre » qui tend à enfermer le consommateur toujours dans les mêmes contenus. En 2013, Guillaume Chaslot est licencié par Google, le groupe évoque des « performances trop faibles », lui parle plutôt de « divergences », ayant tenté de trouver des alternatives aux bulles de filtre.
Quelques temps plus tard, il réalise que les algorithmes favorisent non seulement toujours les mêmes contenus mais aussi les contenus toxiques et de vérité alternative. Pour sensibiliser le public au côté nocif de ces systèmes de recommandation, il fonde l’organisation AlgoTransparency. D’abord focalisée sur l’algorithme de YouTube, elle compte désormais aussi des ensembles des données sur twitter et google. Interrogé par l’AFP sur l’évolution des algorithmes, Guillaume Chaslot fait un constat sans appel : « Les algorithmes de recommandation sont devenus une espèce de Frankenstein, c’est une espèce de monstre qui a échappé à son contrôle. On ne sait pas ce qu’il fait, on ne sait pas pourquoi il le fait, on sait juste qu’il génère plus de temps de vue ».
En 2020 il participe au documentaire de Jeff Orlowski Derrière nos écrans de fumée (The Social Dilemma) diffusé sur Netflix et qui explore la puissance des médias sociaux sur l’information et les opinions.
Écrit par : Alexis Arades
Jess McHugh
Jess McHugh est une autrice et journaliste américaine basée à Paris. A l’université de Yale elle étudie la poésie du XIXème siècle “entre autres matières fascinantes et profondément peu pratiques” selon ses dires. Ses articles et travaux sur l’histoire, la culture, la politique et l’identité ont notamment été publié dans le New York Times, le Guardian, Vice et le Washington Post
Ses reportages touchent à des sujets aussi divers que pourquoi les féministes américaines ne parlent pas des féminicides, les bisons, le mysticisme des almanachs, comment les femmes ont inventé les clubs de lectures et l’audience grandissante des influenceuses évangélistes sur TikTok.
Son premier livre, Americanon, décortique méticuleusement l’influence de treize best-sellers américains sur l’identité américaine. Elle s’attache ainsi à comprendre comment des dictionnaires, manuels et almanachs ont façonné les archétypes du bon Américain. L’analyse de cette consommation de culture de masse et de sa réception est subtile. Dans le cas de TikTok il est plus difficile d’identifier les “best-sellers” vidéos de la plateforme, mais analyser son contenu, et la manière dont cela influence l’audience semble être un défi à la hauteur des ambitions journalistiques actuelles.
Dans son article publié dans The Guardian “Vous ne pouvez pas me supprimer”, Jess McHugh dresse le portrait d’une influenceuse fitness déchue, reconvertie dans l’influence chrétienne. Une nouvelle manière de se rendre visible et de faire croître son business. Son analyse du langage des influenceurs de la plateforme est incisive et révèle l’importance pour les journalistes de se préoccuper de ces sujets : “Les psychologues ont décrit ce langage comme des stéréotypes qui “mettent fin à la pensée”. Ce sont des expressions qui empêchent la dissidence, elles sont couramment employées par les politiciens et gourous pour calmer la dissonance cognitive. Cela aide à transformer les ambiguïtés de la vie en catégories rigides, créant une cohérence à partir des morceaux de nos vies. »
Pour les #NPDJ, elle a accepté de nous expliquer pourquoi “Vous ne pouvez pas supprimer” les influenceurs et comment écrire sur TikTok.
Écrit par : Juliette Gache
Chine Labbé
Double diplômée de l’école de journalisme de Sciences Po et de l’Université Columbia à New York en 2009, Chine Labbé est la rédactrice en cheffe Europe de Newsguard, une start-up américaine fondée en 2018 qui note les sites d’information “en fonction de neuf critères journalistiques”. Dans ce cadre, Chine Labbé alerte sur le nouveau poids de Tik Tok et ses manquements à protéger ses utilisateurs des fake news.
Chine Labbé a scrollé sur Tik Tok avec six autres journalistes de la start-up américaine Newsguard. Et en tant que rédactrice en cheffe Europe de cette agence de notation qui distribue les bons et les mauvais points aux médias d’informations, ce qu’elle y a constaté, au début de la guerre en Ukraine en février 2022, l’a terrifiée. Au bout de 40 minutes de “scrollage” intensif, “tous les analystes se sont vus proposer des contenus faux ou trompeurs sur la guerre en Ukraine”, déplore Chine Labbé dans un rapport publié par la start-up en mars 2022.
D’après une autre enquête mise en ligne en septembre par Newsguard, 20 % des vidéos postées sur le réseau social contiennent de la “mésinformation”. Pourtant, Tik Tok revendique plus d’un milliard d’utilisateurs. L’application d’origine chinoise compte au moins 11 millions d’utilisateurs en France en 2020 selon Bloomberg et six adolescents sur dix “scrollent” d’après une étude d’une think-tank Pew Research Center.
Chine Labbé, ex-journaliste pour The Economist et pour l’agence de presse Reuters, estime même, avec ses équipes, que Tik Tok “a dépassé Google en tant que site web le plus populaire du monde en 2021”. Et pour un réseau social dont 30 % des utilisateurs ont moins de 18 ans en France, un des enjeux est de contrôler le flux d’informations. “Sur TikTok, le problème de base, c’est que l’application ne propose aucune hiérarchie, aucune différenciation des contenus. Parce que ce n’est pas conçu pour cela”, se désole-t-elle dans un entretien pour le Bien Public en septembre.
Tik Tok n’est pas son seul cheval de bataille. Chine Labbé explore les frasques d’autres sites d’informations. D’ailleurs, elle passe une grande partie de son temps à lire l’actualité de médias : “Mon travail consiste donc à surveiller tous les nouveaux sites qui émergent, expliquait-elle sur le site de notre école. Qu’ils soient fiables ou non, écrire certaines analyses, éditer celles produites par nos analystes, et m’assurer qu’elles restent à jour, et ne sont pas “datées”.«
Écrit par : Romain Bitot
Marion Wyss
Marion Wyss a travaillé dans la presse française en ligne depuis 2006. L’Obs, Sciences et Avenir, ou encore Challenges (en tant que Directrice numérique déléguée). Elle crée ensuite sa propre société Underlines. Son objectif : conseiller les éditeurs sur la monétisation et la fidélisation de leurs lecteurs.
Directrice Marketing de Poool depuis juin 2021, elle y propose des solutions aux médias français pour qu’ils produisent des contenus payants. Le Point, Jeune Afrique ou encore Nice Matin utilisent ses outils.
Elle crée en octobre 2022 The Audiencers. Elle y analyse le développement des médias sur les réseaux sociaux ou la création de contenus (le lancement d’AlterEco sur TikTok par exemple) s’interroge sur comment monétiser les contenus des lecteurs. Elle cherche à dépasser le modèle de la publicité dans les médias, pour proposer de nouveaux contenus. « Confiance, utilité, facilité : le combo qualité de la presse qui permet de capter et fidéliser les abonnés » affirme-t-elle.
Elle a participé à la deuxième édition de l’étude Tech Stack avec Jean-François Fogel, directeur du master de management des médias et du numérique à Sciences Po Paris. « Quels outils utilisent en France les éditeurs de presse pour la production et la diffusion de leurs contenus numériques ? » : elle présentera les réponses à cette question lors des Nouvelles Pratiques du Journalisme #NPDJ.
Écrit par : Margaux Baltus
Jean-François Fogel
Jean-François Fogel est journaliste et consultant. Il a une Licence en sciences économiques, et est diplômé de Sciences Po et du Centre de formation des journalistes. Après avoir débuté à l’AFP, il a travaillé pour de nombreuses publications dont Libération et Le Point. Il a été conseiller auprès de la direction du Monde et a participé à la définition et la mise en œuvre de différentes stratégies éditoriales, au Monde bien sûr, mais aussi à Sud Ouest, et en Amérique latine. Il est l’un des dirigeants de la Fondation pour un nouveau journalisme en Amérique latine, une fondation créée par Gabriel Garcia Marquez. Il a publié plusieurs ouvrages, dont Morand-Express (éd. Grasset, 1980) et Fin de siècle à La Havane (éd. Le Seuil, 1993). Il a aussi écrit avec Bruno Patino La condition numérique (éd. Grasset, 2014) et Une presse sans Gutenberg (éd. Grasset, 2005).
Jean-François Fogel is a journalist and consultant. He has a degree in economics, and is a graduate of Sciences Po and the Centre de formation des journalistes. After starting at AFP, he worked for many publications including Libération and Le Point. He was an advisor to the management of Le Monde and participated in the definition and implementation of various editorial strategies, at Le Monde of course, but also at Sud Ouest, and in Latin America. He is one of the leaders of the Foundation for a New Journalism in Latin America, a foundation created by Gabriel Garcia Marquez. He has published several books, including Morand-Express (Grasset, 1980) and Fin de siècle à La Havane (Le Seuil, 1993). He also wrote with Bruno Patino The digital condition (Grasset, 2014) and A press without Gutenberg (Grasset, 2005).
Elena Cabral
Elena Cabral est enseignante et doyenne adjointe de l’école de journalisme de Columbia, dont elle est diplômée. Elle est aussi titulaire d’un bachelor d’Histoire, également obtenu à Columbia.
Avant de rejoindre le corps professoral de l’institution new-yorkaise, elle a exercé en tant que journaliste en écrivant des articles parus entre autres dans VIBE, Marie Claire, Commonweal et PODER. Elle a notamment travaillé au Miami Herald, où elle a couvert l’arrivée du jeune migrant cubain Elian Gonzalez, et le dépouillement du scrutin présidentiel américain de 2000.
Aujourd’hui engagée dans le milieu universitaire, elle supervise et conseille les étudiants, de l’admission à l’obtention de leur diplôme. Elle est également la conseillère pédagogique de l’association étudiante de la National Association of Hispanic Journalists à l’université de Columbia.
Enfin, elle est chargée de la communication de l’école de journalisme, notamment par le biais des réseaux sociaux. Elle gère notamment la communication avec les partenariats internationaux à Barcelone, Paris, au Chili, à Buenos Aires, à São Paulo et à Rio de Janeiro.
De ses parents militants elle a hérité « l’amour de l’écriture et la volonté de faire éclater la vérité ».
Hugo Travers
Le journaliste de 25 ans a fait des réseaux sociaux un support du journalisme quotidien et y a construit un média de référence.
« Un résumé rapide et facile de l’actu » à lire ou regarder directement sur les réseaux sociaux. Voici la recette pensée par Hugo Travers, 25 ans, et qui fait le succès de son média d’actualité en ligne. C’est en 2015, alors étudiant en première année à Sciences Po, que Hugo Travers crée HugoDécrypte, un média sur mesure pour les 15-25 ans. Au contraire de la plupart des médias d’actualité en ligne qui utilisent les réseaux sociaux avant tout pour la promotion de leurs contenus – la lecture se faisant une fois redirigé sur un autre site –, Hugo Travers rend ses contenus journalistiques disponibles en totalité directement sur les réseaux. La recette fonctionne et le public afflue. Ses vidéos incarnées, dans lesquelles il résume l’actualité du jour face caméra, entrent dans le quotidien d’une partie de sa génération.
Aujourd’hui, ses vidéos sur l’actualité postées quotidiennement sur TikTok trouvent un succès qui lui permet de rivaliser avec les plus grands. Sur TikTok, Hugo Travers dépasse régulièrement le million de vues quotidiennes, atteignant des audiences égales à celles du journal de 12h45 de la chaîne M6, le JT de mi-journée le plus regardé en France. Le succès de HugoDécrypte se décline sur tous les réseaux sociaux. Le média rassemble 3,3 millions d’abonnés sur TikTok, 2,3 millions sur Instagram, 1,71 million sur YouTube et 297 800 sur Twitch. HugoDécrypte est devenu l’un des phénomènes médiatiques de notre époque. Diplômé en 2020 de Sciences Po, Hugo Travers se consacre depuis entièrement à son entreprise médiatique qui emploie désormais dix-neuf collaborateurs qui remplissent ses réseaux sociaux de résumés d’actualité.
Devenu une référence, son plateau est depuis la présidentielle de 2017 un passage obligé pour les personnalités politiques, au même titre que les émissions en prime time de France 2. Le président de la République Emmanuel Macron lui a accordé une interview de plus d’une heure en 2019. Marine Le Pen, Yannick Jadot, Nathalie Artaud, Jean-Luc Mélenchon ou encore Fabien Roussel, candidats à la présidentielle de 2022, ont tous répondu présent devant sa caméra. Ses interviews avec le milliardaire américain Bill Gates, l’astronaute Thomas Pesquet ou l’ancien président François Hollande, dépassant le million de vues, continuent de l’inscrire dans le paysage médiatique comme un interviewer de référence.
Axel Beaussart
Axel Beaussart a fondé Spotters en avril 2021, le premier média en France qui explore chaque jour Internet, sa culture et les réseaux sociaux.
Spotters compte plus de 14 000 abonnés sur Twitter et plus de 1200 followers sur Instagram. Le média propose des analyses de tendances, de nouveaux formats présents sur les réseaux sociaux. Articles, dossiers thématiques, threads ou interviews, Spotters mise sur une diversité de contenus pour offrir une couverture sérieuse de l’actualité d’Internet. D’abord bénévole, le média, géré par une équipe de jeunes passionnés du web, a depuis abandonné la forme associative pour devenir une entreprise.
Axel Beaussart a suivi des études dans le domaine de la communication et des médias, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM). Il a consacré son mémoire à l’influence du format livestreaming et de la plateforme Twitch dans le futur paysage médiatique.
Depuis octobre 2021, il est social creative strategist dans une agence de communication, Hungry and Foolish, un poste qu’il articule avec celui de rédacteur en chef de Spotters.
Rémy Buisine
Remy Buisine est un journaliste et vidéaste français. Pour Brut, il s’est notamment fait connaître pour son travail sur les réseaux sociaux et sa couverture en direct des manifestations et évènements d’actualités forts. Il est maintenant rédacteur en chef adjoint en charge des formats courts.
Originaire du Nord de la France, il apprend à lire avec La Voix du Nord chez sa grand-mère le dimanche et reste passionné d’actualités pendant un parcours scolaire où il est encouragé à s’orienter vers une filière technologique, l’horticulture. A la fin des matchs du RC Lens, son club de cœur, et lors de grands événements d’actualité, il s’interroge sans cesse sur la remontée de l’information du terrain aux rédactions, puis au grand public.
En 2015, il se lance sur Periscope, une plateforme permettant la diffusion de vidéo en direct, et commence à couvrir des événements d’actualité sans interruption. Il est l’un des premiers journalistes en France à expérimenter ce format, et prend rapidement le parti de placer les commentaires des spectateurs et l’interactivité au cœur de son travail.
Lors des manifestations Nuit Debout en 2016, son travail est repéré par Brut. À partir d’août, il couvre à plein temps les manifestations publiques pour le média social. En 2018, ses directs des manifestations de gilets jaunes lui font gagner en notoriété ; l’acte II du 24 novembre est suivi par 9 millions de spectateurs et génère 172 000 commentaires, des audiences de chaîne nationale.
Avec 2,8 millions d’abonnés sur le compte TikTok de Brut et près de 110 000 sur son compte personnel, Rémy Buisine discutera avec Hugo Travers (Hugo Décrypte) et Alex Beaussart aux #NPDJ de l’intérêt des médias à se rendre sur TikTok.