Manon Berriche et Benjamin Tainturier : Une méthode scientifique pour identifier les « pollueurs » du débat public sur Twitter

Manon Berriche et Benjamin Tainturier doctorants au Médialab de Sciences Po ont présenté une méthode scientifique pour identifier et caractériser la population qui partage des fake news sur Twitter. À travers leur méthode, ils montrent qu’un petit nombre de personnes partagent de fausses informations et généralement ils se situent politiquement à l’extrême-droite.

Par Marie-Aimée COPLEUTRE et Clara GUILLARD – English version here

Manon Berriche et Benjamin Tainturier. © Benoit Durocq
  • « Le phénomène de désinformation soulève de nombreuses questions, souvent les personnes qui partagent des fake news sont perçues comme irrationnelles ou stupides, c’est pourquoi nous avons besoin d’une méthode pour les identifier plus précisément. » explique Manon Berriche
  • La méthode permet d’analyser la position idéologique des propagateurs de fake news en examinant, entre autres, les députés qu’ils suivent sur Twitter.
  • Le partage de fake news est finalement assez rare : sur 3 millions de comptes Twitter étudiés seul 0.0009% en partage. Enfin, les “pollueurs” de l’espace public sont largement concentrés à l’extrême droite.

 

Twitter peut-il être un terrain de recherche ? C’est le pari de Manon Berriche et Benjamin Tainturier, doctorants au Medialab de SciencesPo. La période de pandémie a suscité beaucoup d’inquiétudes sur les fake news qui se sont multipliées sur internet, notamment sur la question des vaccins. Seulement, dans les médias et dans l’espace public, les personnes qui partagent des fake news sont souvent dépeintes comme stupides ou irrationnelles, ce qui n’est pas scientifiquement prouvé.

Afin de nuancer et de caractériser les personnes qui partagent les fake news, les deux doctorants ont étudié cette population sur Twitter. Leur étude a révélé que le partage de fake news est très rare : sur plus de 3 millions de comptes Twitter, seulement 0,0009% d’entre eux partagent des fake news. En observant l’idéologie de ces propagateurs de fake news  Manon Berriche et Benjamin Tainturier ont conclu qu’ils étaient concentrés sur l’espace politique de l’extrême-droite. Enfin, ils ont identifié un groupe de 30 personnes, qualifiées de « pollueurs » de l’espace public, toutes fortement politisées. 

Manon Berriche et Benjamin Tainturier conviennent que leur étude mérite une analyse plus approfondie pour aller au-delà des idéologies et pour analyser avec plus de finesses les propagateurs de fake news. Pour eux, la question est cruciale, car les discussions présentes sur internet peuvent ensuite émerger dans le débat politique.