Guillaume Chaslot a livré au public un regard critique sur TikTok et son algorithme. Selon lui, « il est très difficile d’être journaliste sur cette plateforme » en raison du design de cette application et de son IA basée sur l’engagement, qui rend très difficile d’apporter une information complète aux utilisateurs. De plus, “pour les journalistes en ce moment, il est très difficile de savoir ce qui se passe car chaque utilisateur a sa propre bulle ». Ces bulles de filtre peuvent créer une barrière entre le contenu créé par les journalistes et certains utilisateurs.
Par Pauline Lecouve – English version here

En effet, l’algorithme de TikTok ne se contente pas de suggérer du contenu que vous pourriez aimer, mais monitor presque tout ce que vous regardez. L’IA génère plus de 70% de toutes les vues sur TikTok. L’objectif de l’algorithme est de maximiser votre temps de visionnage dans le but de créer un maximum d’opportunités pour les publicités. Plus vous restez longtemps sur l’application, plus elle génère de revenus publicitaires. « L’addiction à l’application fait partie de son design. » La conception même de l’appli et de son algorithme est pensée et faite pour créer de l’addiction.
Ainsi, TikTok est leader sur l’engagement. A l’opposé de Youtube qui privilégie le temps de visionnage en incitant les créateurs à faire des vidéos plus longues, TikTok capitalise sur des vidéos plus courtes, plus faciles à créer. Cette multiplication de courtes vidéos est l’occasion pour l’IA de TikTok de mieux vous comprendre. TikTok lit essentiellement votre esprit. Plus vous regardez de vidéos, plus l’algorithme découvre ce que vous aimez. Le spectateur moyen regarde 20 à 100 fois plus de vidéos par minute sur TikTok que sur Youtube, ce qui crée une IA très puissante, qui peut même être utilisée pour prédire des choses à votre sujet.
Avec cela, vient la question des données personnelles. « TikTok collecte d’énormes quantités de données sur vous et vos enfants. » La plupart des utilisateurs ne réalisent pas qu’ils donnent tant d’informations à leur sujet, même s’ils ne créent pas de contenu eux-mêmes. « Vous ne réalisez pas que vous donnez des informations simplement en regardant. » Et nous ne savons pas à quoi servent les données recueillies. « TikTok est un cheval de Troie. » Un article du Guardian a révélé que son personnel en Chine avait accès à leurs données. Pour des journalistes, il est particulièrement préoccupant que des données sensibles soient transmises à un pays non démocratique.
TikTok est une opportunité pour les dictatures. L’algorithme centralisé de TikTok permet aux dictatures de sur-performer sur les réseaux sociaux. L’IA de TikTok contrôle des milliards d’heures de visionnage, son potentiel de propagande pour les dictatures est énorme. Pourtant, nous ne savons presque rien de cette IA. « Nous devons en savoir plus. Nous devons en apprendre plus sur l’algorithme pour savoir ce qu’il contient, s’il n’est pas dangereux. Là-dessus, nous avons besoin de journalistes. Nous avons besoin d’enquêtes”, conclut Guillaume Chaslot