Elena Cabral : oui, TikTok peut être un outil de reportage

« Tout ce que je vais vous dire, je le tiens de chercheurs, et d’autres journalistes ». Elena Cabral, ancienne journaliste elle-même, a voulu transmettre ce matin ses secrets pour transformer TikTok en un puissant outil journalistique. 

Par Quentin PESCHARD – English version here

© Nancy-Wangue MOUSSISSA

Alors, que peut TikTok pour les journalistes ? Tout d’abord, ses usagers « peuvent constituer un vivier de sources intéressantes, en particulier à une époque où les journalistes ne peuvent plus s’infiltrer au plus près des communautés, comme ils le faisaient auparavant« , explique Elena Cabral. 

Prenant l’exemple de l’électorat de Donlad Trump, peu analysé par les médias mais très présent sur TikTok, elle explique que « le réseau rassemble un stock d’opinions, directement captées à la source, qui parlent avec leurs mots, à leur rythme« . « Même si ce sont des gens avec qui vous ne prendriez pas un verre, vous devriez quand même les suivre, et les intégrer à votre travail pour apporter du contexte« , ajoute-t-elle. 

Cette capacité du réseau à capter des images au plus près des évènements en fait également, depuis la pandémie, un outil précieux dans le domaine de l’enquête visuelle, en plein développement. « Les premières images sont souvent sur TikTok« , assure Elena Cabral. 

« Le Washington Post a par exemple utilisé une vidéo de 8 minutes postée sur TikTok pour comprendre ce qui était arrivé à la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh« , raconte l’enseignante, « et établir qu’elle avait sûrement été tuée par une balle israélienne« . Ce rôle de source d’images brutes se poursuit durant l’invasion russe en Ukraine : « les vidéos de cette guerre ont été tellement relayées sur ce réseau qu’elle a même été qualifiée de ‘guerre TikTok’« .

Toutefois, cette exploitation ne doit pas se faire à n’importe quel prix. « Je partage l’inquiétude que suscite TikTok en tant qu’outil de désinformation. Je souhaite explorer son potentiel, mais seulement si on dispose de moyens fiables de vérification« , assure l’enseignante à Columbia. Pour elle, cette pratique de vérification « est la pierre angulaire de notre métier dans l’ère numérique« . Auteur, lieu, date, motivations de la publication : l’enseignante égrène la longue liste des éléments qui doivent être établis par le journaliste avant d’utiliser ces images.

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