Laurent Richard : pour un journalisme qui dépasse les frontières

Co-fondateur du magazine « Cash Investigation » sur France 2 et directeur du consortium de journalistes Forbidden Stories, Laurent Richard est venu s’exprimer sur l’importance de la collaboration dans la pratique journalistique.

Par Clément KASSER et Camille AUCHÈRE – English version here

 

  • Le journalisme collaboratif est la réponse à l’heure d’une « attaque mondiale contre la démocratie ».
  • Les avantages sont certains : renforcer la confiance dans les médias, protéger les journalistes en danger, promouvoir des techniques innovantes comme l’open source.
  • « Même s’ils essayent de tuer le messager, ils ne tueront pas le message » .

Daphné Caruana Galizia, Omar Radi, Regina Martinez : autant de journalistes assassinés alors qu’ils enquêtaient sur la mafia de leur pays ou la corruption gouvernementale. En créant le consortium Forbidden Stories il y a 4 ans, Laurent Richard a voulu poursuivre le travail de ces reporters. Il est fondamental que le public puisse avoir accès à l’enquête pour laquelle ces journalistes ont donné leur vie. 

« Collaborer est crucial car cela assure une protection », a-t-il affirmé. Les équipes d’investigation sont composées de 20 à 50 journalistes avec un réseau important dans leur pays d’origine : les faire taire un à un devient chose impossible.

De manière plus pragmatique, collaborer est bénéfique financièrement: les reporters impliqués sont disséminés dans le monde, ce qui facilite l’enquête et réduit les coûts. Laurent Richard prend l’exemple du projet Pégasus que Forbidden Stories a révélé : The Washington Post et The Guardian ont chacun apporté six journalistes à plein temps.

Richard Laurent, co-fondateur du magazine Cash Investigation sur France 2 et directeur du consortium de journalistes Forbidden Stories © Manon Debut

Pour enquêter, le consortium s’appuie sur des techniques innovantes comme l’open source. Pour montrer l’intérêt de cette pratique, Laurent Richard a cité un article de BBC Africa, qui a réussi à remonter à la source d’une exécution de civils au Cameroun en utilisant la géolocalisation.

Si Forbidden Stories se tourne en priorité vers des médias reconnus dans leur pays – Le Monde en France, Die Zeit en Allemagne, The Washington Post aux Etats-Unis  -, Laurent Richard rappelle que Forbidden Stories collabore avant tout avec des êtres humains et non des médias. Les journalistes impliqués doivent donc avoir le sens de la collaboration et du partage d’information, ce qui n’est pas évident.