Arnaud Müller est reporter et documentariste. Il a travaillé pour Le Vrai Journal sur Canal+ et a co-écrit le livre Mémoires de mineurs. Il s’intéresse aux sujets de société et environnementaux. Il a lancé il y a quatre ans la série “Toc toc”, diffusée sur France Télévisions et Spicee, pour redonner la parole aux citoyens.
Par Rachel NOTTEAU et Amanda MAYO – English version here

- Le journaliste fait un constat alarmant : le terrain est délaissé par les journalistes au profit de débats télévisés peu coûteux.
- Il part donc seul avec sa caméra, dans des territoires peu couverts par les médias pour renouer du lien avec les Français.es.
- Il incite les futurs journalistes à suivre cette démarche.
Le métier d’Arnaud Müller ? Toquer aux portes. Après une longue carrière à traiter l’actualité chaude et à observer une diminution du journalisme de terrain, il a lancé un format journalistique pour aller au plus près des citoyens. “Le terrain, c’est là où on sent les enjeux sociétaux”, rappelle-t-il. Le journaliste déplore les mêmes images diffusées en boucle sur les chaînes d’information en continu auxquelles les téléspectateurs ne s’identifient pas.
Pour aller à la reconquête du terrain, il suit une méthode différente des médias traditionnels. Avant de partir en reportage, il ne passe aucun appel téléphonique et ne cherche pas à caster les personnes qu’il filmera. “Je veux explorer les zones grises, les complexités de notre société, souvent peu montrées à la télévision”, indique le journaliste.
Sans idées préconçues, il se rend chez les habitants pour créer une discussion sur un sujet d’actualité. Dans la série “Toc toc”, le journaliste ne cache pas son point de vue afin d’engager le débat avec ses interlocuteurs.
Lors de sa première immersion, il s’est rendu en Picardie pour filmer la première manifestation contre Emmanuel Macron, fraîchement élu Président de la République. Il a également filmé les habitant.e.s d’un village en Ardèche réfractaires à la vaccination et aux gestes barrières afin de comprendre leurs réticences.
Loin des communicants qui “ont pris la main sur les journalistes”, Arnaud Müller s’arrête pour discuter avec les personnes qu’il croise. Il passe du temps avec les citoyens, filme des séquences de vie. “J’ai l’impression de m’immiscer dans la vraie vie des gens”, confie-t-il.
Très optimiste quant à cette démarche journalistique, il incite même les futurs journalistes à suivre cette lancée : “Vous prenez une petite caméra, un bon micro et c’est parti ! Vous n’avez pas d’excuses”, les encourage-t-il.