Les professionnels de l’information sont particulièrement touchés par les traumatismes, que ce soit à cause de ce qu’ils peuvent voir sur le terrain, ou sur les réseaux sociaux. Mais la pandémie a changé la donne : elle a souligné la nécessité d’affronter ces problèmes, de protéger les journalistes et de poser de nouvelles questions sur la couverture de l’actualité.
Par Clara GUILLARD et Camille AUCHÈRE – English version here

- « Le journalisme nous confronte à des traumatismes » : les journalistes sont beaucoup plus exposés aux traumatismes que le commun des mortels, à cause de la nature même du métier. Cela s’est particulièrement vérifié avec la pandémie.
- Mais ils sont aussi particulièrement résilients : sur le terrain, ils sont animés par le sens du devoir, leurs valeurs et leur éthique. C’est particulièrement vrai s’ils ont le soutien de leurs collègues.
- La crise du Covid-19 est une période extraordinaire d’innovation, un point tournant. Les rédactions ont commencé à aborder la question du traumatisme touchant les journalistes (leurs employés) et les sources (qui ont parfois souffert de violences systémiques).
Les journalistes sont des « athlètes du stress », a déclaré Bruce Shapiro. Ils sont en effet confrontés à des conditions de travail stressantes : ils ont des délais à respecter, ils font face à des situations difficiles et dures, ils s’engagent avec les personnes sur le plan émotionnel, ils sont constamment confrontés à des nouvelles et des titres changeants.
« Le journalisme est un métier qui expose à de très nombreux traumatismes » Bruce Shapiro @DartCenter #NPDJ pic.twitter.com/xgNSGSp2Pk
— Alice Antheaume ⭐️ (@alicanth) December 6, 2021
Depuis le début de la pandémie, beaucoup de pression pèse sur les épaules des professionnels de l’information : comme tout le monde, ils sont confrontés à des pertes et à des deuils. Mais en plus, ils ont dû réinventer leur façon de travailler à cause des restrictions sanitaires. Certaines rédaction ont vu la pandémie comme une opportunité pour supprimer des emplois, et beaucoup de journalistes ont quitté la profession. Tout cela a créé une situation d’épuisement professionnel permanent au sein des salles de rédaction, a estimé Shapiro.
Mais Bruce Shapiro souligne également que les journalistes sont, en général, particulièrement résilients s’ils sont bien encadrés. Ils sont animés par un sens du devoir, un corpus éthique et sont soutenus par leurs pairs.
M. Shapiro considère cette période de pandémie comme une occasion extraordinaire de changer la donne, de réinventer le travail de journaliste. Les rédactions ont commencé à aborder la question du traumatisme des journalistes, et s’interrogent également sur leur façon de travailler, et sur la manière de couvrir les questions liées au traumatisme (violences de genre, racisme…).