La photographie révèle. Elle peut être pudique (ou non), elle peut montrer la vérité sans filtre et, parfois, nous donner des indices sur les événements à venir… Un art et un moyen d’information aux multiples facettes, dont Christopher Lee nous a parlé en s’appuyant sur deux séries de photographies qu’il a réalisées : les violences domestiques au temps du Covid-19 et l’assaut du Capitole en 2020.
Par Camille AUCHERE et Clément KASSER – English version here

- « J’ai en quelque sorte vu la pandémie comme une opportunité de montrer les problématiques dont on ne parlait pas avant, celles un peu cachées par le reste » , a expliqué Lee, qui s’est lancé dans une série de photographies sur la violence domestique.
- Un nouveau type de travail pour le photographe : « Je me suis lancé le défi de montrer qu’avec le Covid-19, il n’y avait plus vraiment de « safe-space » . La maison n’était plus le symbole de la sécurité. »
- Mais la photographie ne fait pas que révéler. A l’occasion, elle peut aussi prédire… Pour Lee, l’assaut du Capitole en 2020 a été choquant, mais pas surprenant. « Quand on photographie le quotidien, on capture tous les instants qui ont mené à ce moment » .
Christopher Lee, son appareil photo en main, a vu dans la crise sanitaire une opportunité de mettre des images sur les souffrances du quotidien, celles dont on ne parle pas, celles qu’on tait, voire qu’on cache. La pandémie a déclenché une explosion des cas de violences domestiques. Une violence décuplée par le stress engendré par la période, par les restrictions de déplacement. Une violence décuplée aussi pour les aidants : avocats, psychologues, bénévoles des plateformes téléphoniques… autant de professionnels que Christopher Lee a photographié chez eux, dans leur intimité, essayant d’aider comme ils le pouvaient les victimes. Une façon de montrer l’intime sans impudeur, et de suggérer la violence.
➡️Our next guest: Christopher Lee (@theotherclee). Based in Texas, Chris photographs forced migration, subcultures, and vulnerable/underrepresented communities. His work became widely known after his coverage of the January 6th attacks on the US Capitol. pic.twitter.com/SOYg53VQxO
— EDJ Sciences Po (@sciencespoEDJ) December 6, 2021
Une occasion également de montrer un autre pan de la société : un pan où certaines personnes sont plus en sécurité au travail qu’à la maison, un pan où rentrer à la maison revient à se mettre en danger.
La photographie ne joue cependant pas qu’un rôle de révélateur de la violence. Selon Christopher Lee, elle tient également un rôle de « lanceur d’alerte » . Il a été un des principaux photographes de la prise d’assaut du Capitole en 2021. Un événement traumatisant pour les américains, mais qui n’a pas surpris le journaliste. Ce moment, il en a capturé les prémices des mois avants, à coups de photographies. Un travail que le Time a honoré de la plus belle des façons, puisqu’un de ces clichés se trouve à la une de son édition des « meilleures photographies de 2021 » .