Annabelle Perrin a fait le pari du papier en lançant son média La Disparition, une lettre, envoyée au domicile de chaque abonné, racontant une histoire liée à la disparition.
Par Elio BONO et Clara GUILLARD – English version here
- Le projet prend la forme d’un média épistolaire traitant de la disparition
- « Cela peut être une disparition de personne, mais aussi d’une forêt, d’un service public ou d’une organisation syndicale »
- Chaque lettre est rédigée par un auteur ou un journaliste qui se déplace sur le terrain à chaque fois
« Appeler son média ‘la disparition’, c’est être en phase avec son époque ». Au moment de présenter son nouveau format de média épistolaire, Annabelle Perrin jongle avec les paradoxes. « C’est une idée qui a germé pendant le premier confinement, narre la journaliste devant une assemblée d’étudiants de Sciences Po. On voulait mettre en place un site internet, puis on s’est dit que le format papier disparaissait. »

Cette reconquête du papier, justement, figure au cœur du projet d’Annabelle Perrin. Laquelle a conçu, de A à Z, ce projet original de média épistolaire. Le fonctionnement est on ne peut plus simple : une lettre, envoyée au domicile de chaque abonné, racontant une histoire liée à la disparition. « Cela peut être une disparition de personne, mais aussi d’une forêt, d’un service public ou d’une organisation syndicale », tempère la créatrice, comme pour se défaire de critiques pointant un média ‘pessimiste’. « C’est vrai qu’on a pris le parti pris d’un média très anglé, au titre énigmatique », concède-t-elle, tout en rappelant qu’à une époque, « des médias pouvaient s’appeler Libération ou L’Humanité ! »
Chaque lettre est rédigée par un auteur ou un journaliste prenant le soin de se déplacer sur le terrain. Le bout de papier raconte, à la première personne, le fragment d’une vie, comme celle de ce chauffeur routier de l’Ohio dont Annabelle Perrin a lu l’incipit. Le tout est accompagné d’une carte postale : « Libre à vous de la coller sur votre frigo ou de l’envoyer à un proche », s’amuse la créatrice du média.