Farshad Usyan : « Les fixeurs sont souvent oubliés et ne sont jamais assez reconnus »

Farshad Usyan, 28 ans, est originaire de la ville de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan. Il a commencé à travailler en tant que journaliste et reporter indépendant dans la région nord de l’Afghanistan en mars 2013. Son travail est axé sur le reportage social, les sujets liés à la vie quotidienne et les documentaires. Il a remporté plusieurs prix et distinctions nationaux et internationaux en matière de photojournalisme.

Par Amanda MAYO et Kelly SMITS – English version here

Farshad Usyan (c) Benoît Ducrocq
  • Pour les reporters internationaux, les fixeurs sont la clé pour accéder aux zones interdites
  • Les fixeurs sont indispensables au travail journalistique
  • Farshad Usyan apporte un éclairage à la situation alarmante des fixeurs, qui ne sont pas traités équitablement par les médias et les reporters internationaux

« Les fixeurs sont la clé pour accéder aux zones interdites, il faut les payer correctement car ils risquent leur vie. » C’est avec ces mots que Farshad Usyan a commencé son intervention sur ce que les reporters internationaux doivent à leurs fixeurs. Le journaliste afghan a utilisé son intervention pour mettre en lumière la situation alarmante des fixeurs, souvent abandonnés par les reporters internationaux une fois leur travail terminé.

Pour les reporters internationaux, les fixeurs sont nécessaires pour réaliser des reportages ou des documentaires dans des zones de conflit ou d’autres zones interdites. Les fixeurs sont des journalistes locaux qui s’occupent de tout : ils mettent à profit leurs compétences linguistiques et leurs connaissances locales pour trouver des moyens de transport, des sources et des logements pour les journalistes internationaux. Comme le dit Uysan, avec l’aide des fixeurs, « votre reportage est prêt, servi pour que vous puissiez le manger. » Pourtant, ils ne sont pas suffisamment reconnus pour leur travail et les risques qu’ils prennent.

Selon Usyan, les principaux problèmes rencontrés par les fixeurs tournent autour des arrangements financiers et de la sécurité. « La plupart du temps, ils n’ont pas de contrat écrit, juste un accord verbal. Ils n’ont aucun recours en cas de problème. » Les fixeurs ne bénéficient pas des mêmes avantages que les reporters internationaux, comme l’assurance ou la possibilité d’échapper la zone de conflit si les choses tournent mal. « Le reporter international sort, mais le fixeur reste à l’intérieur et doit faire face aux conséquences. »

La compensation financière est aussi un problème majeur pour les fixeurs. Il y a un écart énorme entre ce que gagnent les reporters internationaux et ce qu’ils paient à leurs fixeurs. « Ils ne touchent même pas 10% de ce que les correspondants étrangers reçoivent de leur média. » La situation est particulièrement difficile en raison de la position professionnelle des fixeurs, très précaire. « C’est un travail où vous ne pouvez pas obtenir de promotion. Vous êtes toujours coincé entre le journaliste international et vos contacts et sources. »

Usyan exige une meilleure reconnaissance du travail des fixeurs par les médias internationaux. Les fixeurs devraient également être crédités pour les vidéos, photos ou reportages auxquels ils participent aux côtés des journalistes internationaux. Les fixeurs sont essentiels au travail journalistique, et de nombreux journalistes internationaux ne seraient pas en mesure de produire du contenu sans eux : « C’est parce qu’ils ont trouvé les bons fixeurs pour se rendre au bon endroit et dans les zones interdites. »

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