Intervenant : Gaël Hürlimann, rédacteur en chef à Le Temps
Gaël Hürlimann explique les difficultés rencontrées par Le Temps pour faire travailler ses journalistes en équipe : « Depuis trois ans, nous avons essayé de faire entrer les journalistes dans ce ‘mode-projet’. Ça a été un échec. »
En célébrant les 20 ans du journal, Hürlimann et ses équipes ont souhaité rendre le travail en équipe possible : « Le journaliste a besoin de s’associer à des gens qui ont des compétences, de montrer une multiplicité de points de vue, et il est de plus en plus difficile de financer nos activités. »
#NPDJ #npdj2018 c'est au tour de la présentation de @gaelhurlimann du @letemps intitulée "Journaliste, chef de projet, et quoi encore ?"
J'ai eu l'occasion de l'interviewer il y a un an pour @InaGlobal sur les innovations numérique (entre autre) au Tempshttps://t.co/wTQObJEE6V pic.twitter.com/O2SBphNLkt
— Xavier Eutrope (@Xeutrope) December 10, 2018
Nommer des journalistes « chefs de causes »
Pour répondre à la question « Comment se projeter dans l’avenir ? », Le Temps a identifié sept grandes causes :
- Le journalisme
- L’égalité hommes-femmes
- La biodiversité
- La créativité suisse
- l’économie inclusive
- les nouvelles technologies au service de l’homme
- La Suisse comme laboratoire politique
Pour travailler sur ces causes, sept journalistes ont été nommés « chefs de causes », qui sont devenus des sortes « d’intrapreneurs ». Pour orienter leurs projets, Hürlimann leur a donné ces lignes directrices :
- Ne pensez pas que print
- Notre engagement est sincère et profond : « rendre compte » n’est pas suffisant
- Tout est possible tant que le projet proposé est au service de la cause
- Nous allons vous aider
Passer en « mode laboratoire »
Hürlimann a mis à la disposition de ces « chefs de causes » une équipe, dotée d’une multiplicité de compétences : analyse de données, réalisation vidéo, recherches de financement…
Afin de mener à bien chaque projet, les équipes sont entrées en « mode-laboratoire ». Avec cette nouvelle manière de travailler, Hürlimann explique avoir dit à ses journalistes : « Vous avez le droit de vous tromper, d’essayer, d’y aller jusqu’à cinq, six, sept fois. »
Selon Hürlimann, ce travail a très bien fonctionné, et a mené les cadres de la rédaction à pérenniser de nombreux essais dans une « digital factory« . Ce centre d’expertise donnait aux journalistes l’occasion de se familiariser avec ce qu’ils ne connaissaient pas (vidéo, technique, social media events, financement). Par exemple, le premier podcast du Temps a été inauguré cette année en mode laboratoire.
« Les business developpers se mettent chez nous au service des journalistes », se réjouit Hürlimann. « Ce changement de modèle économique, on y croit aujourd’hui car le pré-financement, c’est 20% de nos entrées d’argent. »
Crédits photos : Ulysse Bellier